La viande provenant des pays non musulmans

La viande provenant des pays non musulmans

Q : Un jour, j’ai invité mes amis et mes collègues de travail à venir manger.
Une fois la table servie, parmi les plats, il y avait du poulet rôti au feu de bois fait maison, un des invités (qui est connu pour être correct et honnête dans sa religion) m’a demandé si le poulet était du pays ou provenait de l’importation ?

Je lui répondis qu’il était importé, je crois de France.
A ces mots, il a arrêté d’en manger et quand je lui demandais pourquoi, il m’a dit : « C’est interdit. » Je lui ai dit : « D’où tiens-tu cela ? » Il m’a répondu : « Certains éminents savants disent cela. » J’espère donc que vous nous éclaircirez sur la sentence correcte, qu’Allah vous protège.

R : Si ce qui a été importé de l’étranger, c’est-à-dire de pays non-musulmans, a été égorgé par des gens du Livre, qui sont les chrétiens et les juifs, alors il est permis d’en consommer, et il ne convient pas de chercher à savoir de quelle façon elle a été sacrifiée, ni s’ils ont prononcé le nom d’Allah en égorgeant ou non. En effet, le Prophète, qu’Allah prie sur lui et le salue, a mangé du mouton que lui a offert une femme juive à Khaybar(1), comme il a mangé du repas auquel l’a convié un juif, et qui se composait de graisse modifiée.(2)

Dans le Sahîh d’Al-Bukhârî, il est mentionné qu’un groupe de gens a dit : « Ô Envoyé d’Allah, certaines personnes nous apportent de la viande sans que nous sachions si le nom d’Allah a été prononcé ou pas ! » Le Prophète, qu’Allah prie sur lui et le salue, répondit alors :

« Prononcez-le vous-même et mangez. »

‘Â’îsha, la rapporteuse du hadith, a ajouté : « Cela ne faisait pas longtemps qu’ils étaient entrés dans l’islam. » Ce hadith prouve qu’il ne convient pas de s’interroger sur une chose, si on présume du bon comportement de la personne qui en a la charge. Cela fait partie de la sagesse et de la facilité de la Loi d’Allah, car si on exigeait des gens qu’ils enquêtent sur les conditions dans lesquelles les personnes honnêtes agissent, cela représenterait de la difficulté et de la gêne, qui ferait de la Loi d’Allah (Sharî’a) une chose difficile et gênante.

Cependant, si la viande a été importée d’un pays étranger et sacrifiée par des personnes dont la viande n’est pas licite, comme les adorateurs du feu ou d’idoles, ou ceux qui n’ont aucune religion, il n’est pas permis d’en consommer.

En effet, Allah le Très-Haut n’a autorisé de la nourriture des non-musulmans que celle des gens du Livre : les chrétiens et les juifs. Mais s’il y a un doute sur la provenance de la viande, alors il n’y a pas de mal. Les savants en jurisprudence ont dit : « Si on trouve de la viande dans un lieu habité en majorité par des gens dont la viande peut être mangée, alors cette viande est licite », même si dans ce cas, il convient de l’éviter au profit d’une viande sur laquelle il n’y a aucun doute.

Par exemple, si elle provient de non-musulmans dont il est permis de manger la viande, et que la majorité d’entre eux la sacrifie de façon licite - c’est-à-dire en faisant couler le sang [en tranchant la gorge de l’animal] à l’aide d’une lame, et non au moyen d’une dent ou d’un ongle - tandis que l’autre partie procède de façon non conforme à la Loi d’Allah, dans ce cas, il n’y a pas de mal à consommer de cette viande, en tenant compte de la majorité, même s’il est préférable de s’abstenir par prudence.

Fatwa de cheikh Othemine
Journal Al-Muslimûn, no. 2
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1 Al-Bukhârî dans le chapitre des dons (2617), et Muslim dans le chapitre de la paix (2190).
2 Al-Bukhârî, le chapitre du jeûne (2069) et dans le chapitre des prisonniers (2508). Voir ce que dit Al-Hâfidh à ce sujet dans Al-Fath (5/167) : est-ce le juif qui a lancé l’invitation, ou est-ce Anas qui a présenté le plat ? Ou bien est-ce le juif qui a envoyé Anas, comme c’est le cas dans une autre version ?